Created 04/19/2020 at 2020:08AM

L’ambivalence et le système technicien

Il est flagrant de voir qu’au cours de quasiment chaque débat que nous avons sur le sujet, après avoir longuement exposé en long et en large l’ensemble des conséquences destructrices de la numérisation du monde, arrive un moment de la discussion où une personne nous dira que « le numérique, ce n’est qu’un outil, qu’il suffit de bien l’utiliser » et demandera si quand même, « il n’y aurait pas une possibilité de le contrôler, de le maîtriser ». Il suffirait de le réguler, en distinguant « les mauvais des bons usages » pour ne garder que les « bon côtés ». Croire que tout dépend de l’usage que l’on en fait, c’est penser que la Technique est neutre. Et effectivement,\non nous ramène souvent à cette idée : « Avec un couteau on peut peler une pomme, ou tuer son\nvoisin. » Ellul, comme de nombreux penseurs de la Technique, explique que ce genre de comparaison est absurde car la Technique porte ses effets en elle-même, indépendamment des usages. 31 C’est-à-dire qu’elle induit intrinsèquement, par elle-même et quel que soit l’usage que l’on veuille en faire, un certain nombre de conséquences positives ou négatives. En tout cas ce n’est pas une affaire d’intention : la Technique contient en elle-même des potentialités qui seront inévitablement exploitées. « Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille » nous disait Hannah Arendt. « Inventer le train, c'est inventer le déraillement, inventer l'avion c'est inventer le crash (...) il n'y a aucun pessimisme là-dedans, aucune désespérance, c'est un phénomène rationnel (...), masqué par la propagande du progrès. » Paul Virilio

https://technologos.fr/index.php?fic=text/trib/critique_alternumerisme.php

Quelque part sur leur site (numérique!) on trouve:

De façon très isolée, nous pensons qu'affirmer que "la technique est neutre", c'est passer avec soi-même toute une série de petits arrangements, de manière à rester soi-même neutre à son égard. C'est vouloir rester non critique envers sa propre volonté de puissance. C'est en premier lieu se mentir continuellement à soi-même et - secondairement, par voie de conséquence - mentir à autrui.

Bon, alors tout est dit... vous retournez dans votre chalet et vous nous laissez tranquillement jouïr de notre volonté de puissance?